Les singuliers

« Comme vous l’avez déjà fait tant de fois, pour tant d’autres livres, une fois de plus, avant de la prendre en mains (sous entendu la brochure), vous l’avez observée. Vous avez jaugé ses dimensions, son épaisseur ; les matériaux de la couverture. Vous avez soupesé, fut-ce inconsciemment, son poids, sa maniabilité (faudra-il le tenir à deux mains ?), sa souplesse, sa rigidité et ses autres valeurs tactiles. En tant qu’objet, sera-t-il agréable au toucher ? Ou désagréable, au contraire ? Il y a aussi ce qui est imprimé sur la couverture ou sur la jaquette. En noir ou en couleurs. Le titre et nom d’auteur. Cela suffit pour éveiller une attente, évoquer des associations de pensées et de sentiments.

Et voilà : déjà comme objet, un livre, c’est compliqué. Alors, si vous voulez devenir graphiste ou typographe, n’oubliez jamais ceci : un livre est avant tout un objet usuel. C’est un objet à trois dimensions. »

Jost Hochuli, Comment faire un livre ou comment en établir la typographie, Agfa Compugraphic, 1989

La sérendipité dicte souvent notre conduite lorsque nous nous rendons en bibliothèque ; une reliure, un poids, un papier, une main. Dénudé de textes, d’informations, le livre devient volume, non plus pour véhiculer des connaissances, mais pour éveiller en nous notre sensibilité tactile.